L'ÉRABLE,
LE PETIT SAPIN ET LE VIOLON
La
musique du conte sera jouée par le Quatuor Liger
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Dans
un lointain royaume, il y avait une forêt étonnante, pleine de vie. C’était
une petite forêt, si petite qu’on se demandait comment elle pouvait
abriter autant d’écureuils, d’oiseaux, de nids, de chouettes, de
champignons et de mousse. Beaucoup d’arbres de tous âges y
habitaient. Nous étions le 5 décembre. L’hiver arrivait à grands
pas. La forêt était toute blanche. Les oiseaux se blottissaient dans
leurs nids. Le matin, ils réveillaient les arbres tout en douceur. Ce
jour-là, il faisait très froid. Le vent soufflait de plus en plus
fort, les branches se balançaient et les arbres avaient l’air de
danser. Tout à coup, quelques flocons de neige commencèrent à tomber,
le cri d’une chouette retentit…
Or ce 5 décembre, jour du rassemblement autour du Vieux Chêne, tous
les arbres furent invités à parler de leur vie dans la forêt. Et
chacun dit ce qu’il avait à dire :
« Moi, je suis beau et je me vante, dit fièrement le
châtaignier. Mes racines sont grosses, bien plus grosses que les
vôtres. C’est moi le plus beau. Je donne des fruits et je sers à
quelque chose. Les gens viennent les ramasser à l’automne. Violoncelle
seul
- Moi,
je commence à me faire vieux, répliqua le frêne d‘une voix lasse. J’ai
des rides, je suis un peu tordu. J’ai des branches mortes et des
bosses au dos ; je n’y vois plus très bien ; la nuit est
toujours tombée pour moi. Je ne sais plus chanter, mes dents sont
usées : j’aurais bien besoin d’un dentier. Instrument
au choix
- Moi,
je suis tout jeune et tout mignon, s’exclama le bouleau. Tous les
champignons sont à mes pieds. Je ne suis pas frileux, je ne suis pas
chatouilleux et je n’arrête pas de grandir. Instrument
à définir
-
Moi, je n’ai rien fait de bien dans ma vie, reprit l’érable. Les
nuages se posent sur mon feuillage et les oiseaux oublient que je suis
un arbre.
-
Moi, j’en ai assez d’être planté là, j’aimerais me promener,
voyager, chanter, connaître le monde, dit le petit sapin tout plein de
vie. »Violon
seul
Prélude
(à 4) sur les 5 phrases Alors
Grand Chêne prit la parole : « Moi, je suis le roi de la
forêt. J’ai mes glands à partager et je ne les donne pas aux hommes
comme le châtaignier. Mes feuilles sont en forme de dentelle. Je passe
par toutes les couleurs ; j‘ai de la force dans mes racines. J’offre
mes branches à tous les animaux de la forêt » Et tous les
arbres, châtaigniers, sapins, érables, bouleaux, frênes, peupliers,
marronniers et arbustes, se mirent à danser en rond autour de Grand
Chêne.]Tandis qu’ils dansaient encore, ils virent s’approcher deux
hommes : un petit luthier, son jeune apprenti qui était aussi bûcheron
et leur ami le Castor. Improvisation
courte à 4 (15’’)Tous
les arbres, sauf les plus jeunes, comprirent ce qui allait arriver. Ils
s’agitaient. Ils n’étaient pas tous d’accord sur l’attitude à
prendre. Le petit sapin dit à son vieil ami l’érable : «Moi, je n’ai
pas envie d’être coupé. Je suis trop jeune. Je n’ai pas encore eu
le temps de visiter la terre. Et puis, j’ai poussé à tes côtés, je
n’ai pas envie d’être séparé de toi ». En effet, l’érable
connaissait depuis longtemps le petit sapin. Le pauvre avait perdu ses
parents à sa naissance. Ils avaient été coupés par un bûcheron. Violoncelle
seul
Le
frêne prit la parole, il avait de l’expérience : « Il va
couper l’un d’entre nous et nous allons perdre notre âme… »
Improvisation
trémolo à 4 Et
Grand Chêne ajouta : « Nous sommes nés ici, nous avons
grandi ici et nous n’allons pas vieillir là ? Ne nous laissons
pas abattre, résistons ! Ils vont voir de quel bois on se
chauffe ! » Et soudain, un autre arbre se mêla à la
conversation : « Non, on ne veut pas se faire couper par une
méchante hache car cela nous fera mal et on n’ira pas au paradis des
arbres. On veut être coupé par notre ami le castor ». Le
petit sapin, à son tour prit la parole : « Moi, je veux bien
être coupé, mais à condition que ce soit par un homme qui nous
redonne notre âme en nous faisant jouer de la belle musique
douce. »La
truite.
Et tous agitèrent leurs branches pour l’acclamer.
Aucun
bruitage.
Le petit luthier, son apprenti et le castor s’approchèrent de l’érable
et du petit sapin. Le castor prit la parole :
« Voulez-vous
être coupés par mes jolies dents ?
-
Oui, répondirent les deux arbres
-
Mais je n’ai pas assez de bois ? dit le petit sapin
-
Ce n’est pas grave dit le petit luthier, je te mélangerai avec ton
ami le vieil érable. Je vous ferai chanter, je vous ferai vivre ; vous
resterez ensemble pour toujours ».
Silence
puis, bruitage de castor et d’arbre qui est abattu (pour laisser le
temps à l’érable et au sapin de quitter le premier plan de la
scène)
Alors le petit luthier et son jeune apprenti, aidés du castor,
emportèrent le bois, suivis des animaux de la forêt. Parmi eux, un
écureuil se baladait. On aurait dit que c’était un compositeur qui
cherchait des notes de musique. Début
alto
Le petit luthier habitait une vieille chaumière au fond de la forêt.
Les murs étaient en bois un peu clairsemé pour laisser entrer la
lumière. Son atelier était plutôt petit. Tous ses outils étaient
bien rangés. Il y avait une grande table au milieu : deux planches de
bois y étaient posées ; c’était l’apprenti qui les avait
coupées. Au plafond, une vingtaine de violons étaient suspendus. Ca
sentait bon le vernis. Sa petite maison servait aussi d’hôtel pour
les petits animaux de la forêt ; une araignée, un écureuil et un
pic-vert y habitaient ; des souris et des gerbilles avaient fait leurs
nids dans des copeaux de bois. Des chauves-souris profitaient d’un
vieux fil à linge pour se suspendre et renifler les bonnes odeurs ;
parfois, elles battaient des ailes pour sécher le vernis des
instruments. Sur
tout ce passage, accompagnement de l’alto.
Le
temps passa. Un jour, le petit luthier commença à fabriquer un violon.
Il prit un morceau du petit sapin et en fit la table. Avec le vieil
érable, il sculpta le fond et la tête de l’instrument. Alors le
pic-vert se mit à creuser les trous des chevilles
Bruitage
de pic-vert pendant le texte.
Il ne restait plus qu’à poser les cordes. Dans
un petit coin de la chaumière, une araignée tissait des fils ; c’étaient
des fils très solides. Le petit luthier les prit et en fit des cordes.
Il les posa mais le violon ne chantait pas encore. Il lui manquait une
âme. Alors il alla en chercher une sur une étagère ; c’était une
âme très vieille ; elle avait cent deux ans ; elle était un peu
sourde mais elle savait encore très bien vibrer. Le petit luthier la
glissa dans l’instrument et le violon se mit à chanter. Pendant tout
ce temps, le jeune apprenti observait son maître et lui tendait les
outils. Alors, le petit luthier fabriqua un archet ; avec des crins de
cheval qu’il gardait précieusement dans une boîte au fond d’un
tiroir, il confectionna une jolie mèche qu’il fixa sur le bois. Il
prépara ensuite le vernis pour donner une belle couleur à l’instrument.
Le pic-vert, quant à lui, trempa sa queue dans l’encre pour dessiner
la ligne noire sur le violon. Le petit luthier était heureux. Le violon
était magnifique. Il avait un son merveilleux. Violon
seul : prélude en mi de Bach.
En
ce temps-là, Le roi Edgar régnait sur ce royaume. Violoncelle
seul C’était
un homme très grand et très fort. Mais depuis la mort de sa femme, son
cœur s’était endurci, il ronchonnait sans arrêt, il était devenu
odieux avec tout le monde. Violoncelle
seul Lorsque
les paysans n’avaient pas fait de bonnes récoltes, il les obligeait
quand même à payer leurs impôts. S’ils ne lui obéissaient pas, il
les fouettait, les jetait dans des cachots remplis de rats et d’araignées
et les condamnait à mort. Violoncelle Le
roi Edgar était sans pitié. Tous ses sujets l’appelaient « Roi
sans cœur ». Sa femme, quand elle vivait, aimait beaucoup la
musique.
Mozart à 4
Le roi adorait l’entendre jouer mais
depuis qu’elle était morte, la moindre note réveillait sa douleur ;
c’est pourquoi il avait interdit la musique dans tout le royaume.
Toute personne trouvée en possession d’un instrument était aussitôt
jetée en prison. Le roi sans cœur les appelait « les instruments
de torture ». Il refusait même de voir ses propres enfants
Apolline, Pauline et Clément car ceux-ci ressemblaient trop à leur
mère. Il alla jusqu’à interdire dans les écoles l’apprentissage
de la musique.
Roi
sans cœur aimait beaucoup la chasse. Paganini
– La chasse (joué sur les 6 phrases) Souvent,
pour se rendre sur ses terres, il traversait la petite forêt. Quand les
arbres dormaient, il les réveillait avec son cor de chasse. Il y en a
même un qui avait des doigts de sorcière et qui voulait le griffer.
Presqu’à chaque fois, le roi cassait les branches qui gênaient son
passage et les coupait pour en faire des lances et des flèches. Les
troncs, qu’il prenait pour cible, étaient presque tous abîmés.
Bref, il ne respectait plus rien ni personne.
Or,
un jour, un troubadour arriva dans le pays et se rendit chez le petit
luthier qui vivait caché dans la forêt. C’était un jeune homme aux
cheveux noirs et aux yeux marron. Il portait des habits rapiécés. Il
avait avec lui un violon et demanda au petit luthier s’il voulait
écouter son instrument. Celui-ci, heureux de l’avoir comme client,
accepta avec plaisir. Et lorsque le troubadour joua de son violon, il en
sortit un très joli son Shéhérazade
(violon seul) 30 ‘’
Ce
jour là, Roi sans Cœur était parti, avec sa cour, chasser le lapin,
le sanglier, le renard et l’hermine. A un moment, il s’égara. Alors
qu’il essayait de retrouver son chemin, il entendit, sortant d’une
petite chaumière perdue au milieu des grands arbres, un air doux et
mélodieux. Shéhérazade
(violon seul) jusqu’à la chaumière
Il se demanda qui osait défier sa loi. Il
ouvrit brutalement la porte de la chaumière et se jetant sur le
troubadour, arracha et brisa l’instrument. Bruitage
(cageot)
Tous
les animaux, amis du luthier, se liguèrent contre le roi pour le faire
sortir. « Roi méchant, roi sans cœur » criaient-ils en le
poussant vers la porte. « Je me vengerai ! » cria le
Roi en claquant la porte .Fouet.
Le
troubadour, lui, était très triste de ce qui venait d’arriver. Il
pleurait à chaudes larmes. Il essaya de récupérer tous les morceaux
pour recoller son violon mais malheureusement n’y arriva pas.
« Cet instrument ne fera plus jamais un beau son, l’âme est
cassée, mais si vous voulez, j’ai un violon tout neuf ». dit le
petit luthier pour le consoler. Il lui proposa le violon qu‘il venait
de fabriquer avec l‘érable et le petit sapin..
« Puis-je
l’essayer ? demanda le troubadour
- Cet
instrument a des pouvoirs étranges, extraordinaires. Si vous n’avez
pas le cœur pur, vous ne pourrez pas en jouer » répondit le
petit luthier.
Le
troubadour prit le violon. Il composa une musique qui ouvrait les cœurs.
Sur tout le paragraphe : Bach 1er prélude (violon
seul)
C’était
si beau que les arbres de la forêt en furent émerveillés. Les petits
animaux étaient si contents qu’ils se mirent à danser sur la
musique. Ce son merveilleux était accompagné du souffle du vent. Le
luthier avait les larmes aux yeux car jamais personne n’avait joué
comme cela, avec autant d‘amour et de douceur…alors, il lui offrit l’instrument.
+
10 ‘’ après la fin du texte.
Le
troubadour le remercia et repartit de village en village. Le temps
passa. Tous les habitants du royaume connaissaient en secret ses
chansons. Chanson
ancienne (violon seul)
Tout
le monde parlait de lui et on se pressait pour le voir, tant sa musique
était belle à écouter. Avec son violon, il répandait la joie dans
les cœurs. Entre-temps, le Roi avait fait jeter le petit luthier en
prison air
triste 30’’. Un jour,
le troubadour s’en alla au marché, près du château du Roi et se mit
à jouer de son violon. Quatuor
américain de Dvorak 2è mouvement
violon seul sur tout le passage.
Sa musique douce envoûta les villageois. L’entendant,
le roi se mit à la fenêtre d’une des tours du château. « Roi
méchant, roi sans cœur, Roi gentil, Roi grand cœur » chantait
le troubadour. Les habitants étaient si émus qu’ils pardonnèrent au
Roi. Ils reprirent sa chanson pour l‘attendrir. Celui-ci était
émerveillé. Des larmes coulaient de ses yeux car il repensait à sa
famille. Son âme s’apaisa; il ouvrit son cœur. Il fit venir près de
lui ses enfants et les prit dans ses bras. Alors, il jeta son or
par-dessus les fenêtres et libéra tous les prisonniers, dont le petit
luthier qui retrouva avec joie son atelier. Il était si heureux qu’il
offrit un violon au roi. Celui-ci pria alors le troubadour de lui
apprendre à jouer de son instrument. Le troubadour lui dit :
« Oui, mais à condition que vous gardiez votre cœur ouvert en
faisant chanter l’âme du violon ». Le roi répondit :
« Je serai un bon roi. Je n’emprisonnerai plus personne. Je
serai toujours juste avec mes sujets ». Violoncelle.
Les
villageois étaient heureux. Ils pouvaient enfin danser en chantant les
airs du troubadour. La nouvelle se répandit dans tout le royaume et la
musique fut à l’honneur. Pendant ce temps, au château, le Roi, le
troubadour, le petit luthier et son apprenti préparaient une fête pour
les arbres de la forêt. Ils composaient des airs joyeux. Le roi et le
troubadour jouaient de leurs violons, le luthier du violoncelle et l’apprenti
de l’alto.
fête slave à
4.
Le
11 juin arriva. Depuis longtemps, le roi ne chassait plus et tous les
animaux lui faisaient fête. C’était le printemps, la forêt était
pleine de vie, le soleil éclairait les feuilles. Le vent chantait dans
les arbres. Les oiseaux dansaient en faisant des trilles mélodieux Bruits
d’oiseaux (violon).
Ce jour là, les quatre musiciens se rendirent
dans la petite forêt. En arrivant, ils se mirent à jouer un air très
gai pour réveiller Grand Chêne. Sur
tout ce passage, 4è mouvement du quatuor américain à 4. Frênes,
bouleaux, marronniers, châtaigniers, peupliers, sous le charme de la
musique, se mirent à danser. Ils remuaient leurs feuilles et leurs
branches. L’érable et le petit sapin étaient heureux : le petit
luthier leur avait rendu leur âme. Le violon était magnifique. Il
avait une belle couleur dorée Quand il jouait, il rayonnait d’argent.
Le chant de l’herbe accompagnait les musiciens. Le quatuor fut une
vraie réussite ; l’âme des arbres vivait dans les
instruments ; toute la forêt reprenait sa nature. Les glands et
les châtaignes se mirent à germer. Les animaux de la forêt faisaient
une farandole autour de Grand Chêne. Les musiciens, époustouflés,
cessèrent de jouer et admirèrent cette forêt magnifique. C’est
alors que le violon du troubadour, posé sur le sol, prit racine. Et
tout près de lui un petit sapin sortit de terre et se mit à vivre. Les
arbres l’accueillirent avec un bruissement de mille feuilles. La
forêt avait retrouvé son âme . Tchaïkowski
2ème mouvement du 1er quatuor à 4.
C’est depuis ce temps là que les
arbres des forêts n’ont plus peur des luthiers.
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