l
’a r b r e p a y s a n
l
’a r b r e e t l ’u t i l e
Voir
un des panneaux
Grâce
aux arbres et bien avant l ’agriculture, l
’homme put se nourrir de gibier et de fruits, se
protéger de la pluie ou des bêtes sauvages, fabriquer
outils et objets.
De
cette étroite relation nourricière naquirent une
vénération et un fort sentiment de familiarité, qui
ne firent que se renforcer à mesure que l’homme
apprenait à connaître les arbres et leurs
ressources, à sélectionner et à stabiliser des variétés
utiles, à se construire un environnement cultivé
et aménagé.
Nos
ancêtres ont ensuite maîtrisé d’autres plantes
utiles, des animaux, des matériaux autres
que le bois, mais l’arbre est resté au centre
de cette évolution. Partout ou presque, les
hommes ont ainsi appris à vivre à côté des arbres,
avec les arbres.
Le
langage symbolise bien notre dette, et les éléments
d ’un processus d’identification, quand nous
parlons de nos racines, de tronc commun ou des branches de la famille, de
la sève qui monte en nous
ou de celui qui nous porte ombrage …
L
e s p a y s a g e s ,f a ç o n n é s p
a r d e s s i è c l e s d ’activités humaines,
l’ont été dans une idée
première d ’utilité e
t d e p r o d u c t i on. L a confrontation
permanente de cette
logique avec d ’autres contraintes, par exemple
botaniques ou climatiques, a permis l
’instauration de grands équilibres et la mise en place
d ’entités paysagères cohérentes.
Le
bocage de l ’Ouest, notamment, est une forme de
paysage qui, bien que relativement récente, nous paraît aujourd’hui
avoir toujours existé. La disparition
de beaucoup de haies et d ’arbres a été
ressentie comme une perte de nature en soi. C
’est que l ’érable ou l ’orme du bord des chemins, émondés ou
simplement rabattus, le chêne ou le
frêne dressés au milieu de la prairie, et dont les vaches taillent l ’assise
du feuillage selon une immuable
horizontalité, participent dans notre imaginaire à la représentation
même d’une nature intangible et pérenne, idéale. C ’est pourtant
bien le
métayer qui, de saison en saison, a construit et
entretenu ce paysage de pâtures et de fossés, de
talus, de plesses et de haies, avec tout le soin et la patience
nécessaires, toute la rationalité du producteur,
et toute la fierté de l’artisan du «bel ouvrage ».
Ces
arbres paysans, comme images du travail de la terre
et d ’une nature nourricière, sont devenus un bien
commun, agricole et fonctionnel, mais aussi culturel,
philosophique, esthétique. En perdant parfois
leur utilité première, ils en ont retrouvé une autre, tout aussi
essentielle.
|